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Le Secrétaire général du Conseil de sécurité demande des objectifs ambitieux pour inclure les femmes dans les négociations de paix en dénonçant le patriarcat | UN Press


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    « La participation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales », thème du débat ministériel du jour au Conseil de sécurité, est loin d’être acquise, car « notre monde et notre culture sont dominés par les hommes », a constaté ce matin le Secrétaire général de l'ONU à l’ouverture de la discussion entre les membres du Conseil et plus de 80 autres États Membres.  Lors de ce débat à l’occasion du vingt-troisième anniversaire de la résolution 1325 (2000), axé sur les moyens de passer de la « théorie à la pratique », M.  António Guterres a pointé du doigt le patriarcat qu’il a vu comme un « obstacle majeur à une culture de la paix », avant d’alerter que « nous sommes au bord du précipice » sur cette question.

    De fait, a-t-il étayé, sur les 18 accords de paix conclus l’année dernière, un seul a été signé par une représentante d’un groupe ou d’une organisation de femmes. On ne comptait en outre que 16% de négociatrices et de représentantes dans les processus de paix dirigés ou codirigés par l’ONU, a-t-il ajouté.  Or, cette participation s’élevait à 19% en 2021 et 23% en 2020, a informé la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  Mme Sima Sami Bahous a fait un constat encore plus grave concernant les processus de paix menés par les États Membres ou d’autres organisations: les femmes étaient presque totalement absentes pour les processus de l’Éthiopie, du Kosovo, du Soudan, du Myanmar et de la Libye, exception faite de la Colombie.

    Même dans les dialogues nationaux à grande échelle, où l’inclusion devrait être primordiale et la parité réalisable, la représentation des femmes est tombée en dessous de 40% en moyenne, voire bien plus faible dans certains cas, s’est encore alarmée la Directrice exécutive.

    Les participants à la séance avaient sous les yeux d’autres chiffres alarmants sur les femmes et filles vivant dans des pays touchés par un conflit: leur nombre a augmenté de 50% entre 2017 et 2022 où elles sont 614 millions, lit-on dans le rapport du Secrétaire général dont était saisi le Conseil.  Mais le plus révoltant, a relevé la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mme Mirjana Spoljaric, c’est le nombre important de violations de leurs droits qui ne sont pas documentées ou qui continuent d’être considérées comme un effet secondaire inévitable de la guerre.

    C’est le cas au Soudan, où les autorités de transition ont été incapables d’endiguer la violence systémique, la discrimination à l’égard des femmes et l’impunité, a témoigné Mme Ala Al-Karib, Directrice régionale de l’Initiative stratégique pour les femmes de la Corne de l’Afrique (SIHA).  Une tendance observée partout dans le monde, se sont indignées plusieurs délégations, de Haïti à l’Afghanistan, en passant par l’Ukraine, Gaza (un conflit qui s’est largement invité lors de ce débat), où un nombre croissant de groupes armés considèrent l’inégalité de genre comme un objectif stratégique.

    En fait, a résumé le Ministre des affaires étrangères du Brésil, « l’ambition originelle » de la résolution 1325 n’a pas été réalisée. Raison pour laquelle, il faut intensifier les efforts déployés à l’échelle nationale, régionale et internationale en faveur d’une mise en œuvre mondiale, inclusive et efficiente de cette résolution, a recommandé le représentant du Gabon.  Concrètement et faisant écho au Secrétaire général, les pays nordiques ont recommandé de démanteler les structures de pouvoir patriarcales et oppressives qui font obstacle à l’égalité des sexes.  Mais comment passer de la théorie à la pratique?  Comment combler le fossé existant entre les discours et la réalité?

    « Il faut mettre de l’argent sur la table », a lancé le Secrétaire général de l’ONU, parmi les trois mesures qu’il a proposées pour cela, encourageant une contribution des pays fournisseurs d’aide publique au développement (APD) de 15% au secteur de l’égalité des genres.  D’ailleurs, a-t-il rappelé, la campagne « Invest-in-Women » (Investir dans les femmes) du Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire vise à collecter 300 millions de dollars d’ici à la fin de 2025.  Ce fonds a contribué à aider plus d’un millier d’organisations locales de femmes depuis sa création en 2016, s’est enorgueilli le Chef de l’ONU, saluant notamment les progrès dans la représentation équilibrée des genres dans les missions de maintien de la paix.

    La question du financement a été soulevée par les États-Unis notamment, qui ont recommandé d’investir davantage dans la promotion de la femme en tant que négociatrice.  La Suisse a insisté sur la flexibilité et la prévisibilité du financement des organisations humanitaires dirigées par des femmes, tandis que la France a dit vouloir augmenter son financement des organisations féministes, par le biais d’un fonds doté de 250 millions d’euros.

    Aller de la théorie à la pratique passe également par la mise en place d’institutions dédiées, comme en a témoigné la Ministre d’État des Émirats arabes unis.  Son pays copréside avec la Suisse le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, qui joue un rôle essentiel pour mieux comprendre le sort des femmes dans les conflits.  L’Argentine a évoqué quant à elle le Réseau régional des médiatrices du cône Sud lancé en 2021, un projet régional pionnier.

    Parmi les autres bonnes pratiques saluées lors de cette séance, l’exemple de la Colombie où l’on observe une quasi-parité des genres dans les négociations de paix, comme relevé par la Directrice générale de l’Institut Rio Branco, Mme Glivânia Maria de Oliveira.  Les exemples de l’Iraq, de la République centrafricaine et de la Syrie, où les auteurs de violences sexuelles sont traduits en justice, ont également été cités comme des motifs de satisfaction pour l’ONU.

    Déterminé à collaborer avec les pays pour faire progresser les questions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité, le Chef de l’ONU, a souhaité rappeler la contribution de la Brésilienne Bertha Lutz, l’une des quatre femmes à avoir signé la Charte des Nations Unies lors de la Conférence de San Francisco, ainsi que celle de nombreuses autres femmes, en signalant qu’une exposition leur est dédiée à l’extérieur du bâtiment de l’ONU.

    Le Conseil poursuivra ce débat demain, jeudi 26 octobre, dans l’après-midi.

    LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

    Participation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales: de la théorie à la pratique (S/2023/725 et S/2023/733)

    Déclarations

    M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a évoqué l’importante contribution de Bertha Lutz à la Charte des Nations Unies et aux droits des femmes ainsi que celle de nombreuses autres femmes, en signalant qu’une exposition leur est dédiée à l’extérieur du bâtiment de l’ONU.  Il a salué ce témoignage du pouvoir de leadership des femmes, exhortant le monde à en prendre note et à s’en inspirer.  Car aujourd’hui, a-t-il prévenu, « nous sommes au bord du précipice »: les conflits font rage, les tensions montent, les coups d’État éclatent et les chiffres montrent l’état désastreux du monde, avec des dépenses militaires qui ont atteint un niveau record.  Il a également souligné l’ampleur des déplacements dus à la violence, aux conflits et aux persécutions, qui ont atteint un niveau record, soulignant aussi l’augmentation de 50% du nombre de femmes et de filles vivant dans des pays menacés par les combats, par rapport à 2017.

    Partout dans le monde, les femmes sont en proie à la violence, s’est-il inquiété, citant le Soudan et Haïti, où les femmes et les jeunes filles sont brutalisées et terrorisées par la violence sexuelle; l’Afghanistan, où le déni des droits fondamentaux des femmes anéantit des vies et prive les populations d’une aide vitale; et l’Ukraine, où les femmes et les jeunes filles fuyant l’invasion russe risquent d’être la proie de trafiquants et d’agresseurs.  Les femmes et les jeunes filles font partie des nombreuses victimes des atrocités brutales commises par le Hamas en plus de constituer, avec les enfants, la moitié des victimes des bombardements incessants sur Gaza, s’est-il encore indigné.

    Vingt-trois ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), la participation des femmes devrait être la norme, et non une préoccupation secondaire, a martelé le Chef de l’ONU.  Dans le monde entier, les femmes sont à la tête de l’action menée en faveur de la paix, de la justice et des droits, et pourtant, s’est-il étonné, sur les 18 accords de paix conclus l’année dernière, un seul a été signé par une représentante d’un groupe ou d’une organisation de femmes.  On ne comptait que 16% de négociatrices et de représentantes dans les processus de paix dirigés ou codirigés par l’ONU, a-t-il encore ajouté, avant de se rendre à l’évidence: « notre monde et notre culture sont dominés par les hommes ».  Le patriarcat qui existe depuis des siècles constitue un obstacle majeur à l’égalité des genres et, par conséquent, à une culture de paix.

    Le Secrétaire général a poursuivi son intervention en signalant qu’au moins sept femmes qui ont fait un exposé devant le Conseil l’an dernier ont déclaré avoir subi des représailles.  Venant à la violence « endémique » à l’égard des femmes –en ligne comme hors ligne–, il a noté qu’elle constitue un obstacle majeur et un frein à la participation à la vie civile et politique.  Au rythme actuel, il faudra attendre encore près d’un demi-siècle avant que les femmes ne soient équitablement représentées dans les parlements nationaux, a-t-il fait constater.

    Pourtant, il a relevé des lueurs d’espoir dans le rapport de cette année qui met l’accent sur les bonnes pratiques et les exemples de réussite dans la mise en œuvre des priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité.  En Colombie, on observe une quasi-parité des genres dans les négociations de paix.  En Iraq, en République centrafricaine et en Syrie, des auteurs de violences sexuelles sont traduits en justice.  L’ONU est déterminée à collaborer avec les pays pour faire progresser les questions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité, a promis le Chef de l’ONU.

    Le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire des Nations Unies a contribué à aider plus d’un millier d’organisations locales de femmes depuis sa création en 2016, a-t-il informé, saluant les progrès dans la représentation équilibrée des genres dans les missions de maintien de la paix.

    Le Secrétaire général a toutefois appelé à combler le fossé qui existe entre les discours et la réalité, proposant trois mesures.  D’abord, encourager des gouvernements à fixer des objectifs ambitieux pour la participation des femmes dans les équipes de négociation. Ensuite, mettre de l’argent sur la table avec une contribution des pays fournisseurs d’aide publique au développement (APD) de 15% à l’égalité des genres.  À cet égard, il a rappelé que la campagne « Invest-in-Women » (Investir dans les femmes) du Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire vise à collecter 300 millions de dollars d’ici à la fin de 2025. Enfin, il a exhorté à prendre des mesures concrètes pour que les femmes participent pleinement, effectivement et sur un pied d’égalité à tous les niveaux de la prise de décisions concernant la paix et la sécurité, ainsi qu’à tous les échelons de la vie politique et civile.

    Pour conclure, il a misé sur le Sommet de l’avenir de 2024 pour faire avancer la question « femmes, paix et sécurité ».  Avant cela, il a demandé de se référer à la note d’orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix qui met le leadership et la participation des femmes au centre de la prise de décisions.

    Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a déclaré présenter « avec angoisse » le rapport annuel du Secrétaire général (S/2023/725) devant « le prix payé par les femmes et les filles pour la propagation alarmante des conflits, la croissance continue des budgets militaires et la montée de l’autoritarisme ».  Soulignant qu’alors que l’humanité subit des horreurs et des cruautés, les femmes et les filles restent largement exclues de la capacité de prendre des décisions, qu’il s’agisse de la guerre et de la paix, de l’avenir de leur pays ou même de leur propre corps, Mme Bahous a néanmoins affirmé que le « mouvement mondial des droits des femmes n’est jamais découragé par les revers », parce qu’il ne fait que gagner des adhérents et du courage à chaque injustice, et parce qu’il reste le groupe le plus grand et le plus fiable pour la paix.

    Elle a constaté que le débat se tient à un moment où les impacts des conflits sur les femmes et les filles n’ont jamais été aussi graves, et où le prix payé collectivement, en rejetant le leadership des femmes, n’a jamais été aussi évident, alors que des millions et des millions de personnes souffrent des conséquences des « guerres des hommes ».  À titre d’exemple, elle a signalé que le Moyen-Orient est témoin d’une escalade dramatique de la violence avec, à ce jour, plus de 1 400 Israéliens tués par les horribles attaques du Hamas, dont beaucoup sont des femmes et des enfants, avec 200 personnes qui sont toujours en otage selon les estimations, dont beaucoup de femmes.

    D’un autre côté, Gaza subit une opération militaire dévastatrice, qui a, d’ores et déjà, tué plus de 5 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants.  ONU-Femmes estime que, jusqu’à présent, cela a conduit plus de 1 100 nouveaux ménages à être dirigés par des femmes et a déplacé plus de 690 000 femmes et filles de leur foyer, les exposant à un risque accru de violences.  Elle a affirmé que tout acte de violence à l’égard des femmes et des filles, y compris la violence sexuelle, est condamné sans équivoque, quelle que soit l’identité des victimes.  Elle a fait écho à tous les appels à la libération inconditionnelle de tous les otages, à un cessez-le-feu humanitaire et à une aide humanitaire immédiate, sans restriction et soutenue pour les civils de Gaza.

    Mme Bahous a aussi mentionné l’obligation de rendre des comptes pour toutes les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, ainsi que le retour aux négociations en vue d’une paix durable pour les peuples palestinien et israélien.  La meilleure façon d’assurer ce retour est de créer un espace pour les voix des femmes et d’en tenir compte, a-t-elle souligné, en constatant, pour le déplorer, qu’aucune des résolutions adoptées par le Conseil ou déclarations présidentielles sur la question palestinienne ne comporte une référence à la question « les femmes et la paix et la sécurité ».  Il faut que cela change, a-t-elle martelé.

    La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ensuite décrit les grandes lignes du rapport lequel reprend l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’une transformation de fond de la participation significative des femmes au rétablissement de la paix, au maintien de la paix et à la consolidation de la paix au cours de cette décennie.  Il dresse le tableau d’un déclin dans plusieurs pays de l’espace politique permettant aux femmes de participer à la prise de décisions en matière de paix et de sécurité.  Ainsi, parmi les cinq processus de paix dirigés ou conjointement dirigés par l’ONU en 2022, la représentation des femmes n’était que de 16%, contre 19% en 2021, et 23% en 2020.  Dans les processus de paix menés par les États Membres ou d’autres organisations, les femmes étaient également presque totalement absentes.  Cela concerne notamment ceux de l’Éthiopie, du Kosovo, du Soudan, du Myanmar et de la Libye, exception faite de la Colombie, où les femmes ont atteint la quasi-parité lors des nouveaux cycles de négociations.

    « Nous devrions être alarmés par le fait que, 23 ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, nous ne disposons pas d’un compte rendu public à jour, complet, transparent et public de la représentation des femmes dans les pourparlers de paix. »  Même dans les dialogues nationaux à grande échelle, où l’inclusion devrait être primordiale et la parité réalisable, la représentation des femmes est tombée en dessous de 40% en moyenne, voire bien plus faible dans certains cas.  Seul un tiers des 18 accords de paix négociés, en 2022, comportaient des dispositions sur les femmes ou l’égalité des sexes.

    Le rapport fournit des exemples de ce qui fonctionne, en particulier au niveau local, où les femmes ont mené avec succès des négociations transfrontalières pour garantir l’accès à l’eau et à l’aide humanitaire, négocié la libération de prisonniers politiques, empêché et résolu les conflits tribaux, et servi de médiatrices pour les cessez-le-feu locaux et l’arrêt des violations contre les civils, a encore explique Mme Bahous, qui a aussi indiqué que, dans ce rapport, l’ONU s’engage à atteindre un objectif initial minimal d’un tiers des femmes participant aux processus de médiation et de paix, et réaffirme l’objectif de parité dans les processus politiques et électoraux.  Elle a en outre reconnu que la participation des femmes dans le maintien de la paix avait augmenté, en particulier avec la mise en place des tribunaux itinérants pour condamner les auteurs de violences basées sur le genre dans des contextes de conflit; le déploiement des équipes d’engagement féminin pour s’informer sur la situation des femmes et des filles dans les zones les plus reculées; la contribution à la remise en liberté et à la réhabilitation de centaines de femmes et de filles enlevées par des groupes armés; l’inclusion de femmes dans de nombreuses initiatives de paix; et la réinstallation des défenseures des droits de la personne.  Autant d’exemples qui devraient nous inspirer, selon la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.

    Parmi ses recommandations, Mme Bahous a proposé d’établir des objectifs ambitieux et mesurables pour une participation directe des femmes dans les délégations et les équipes de négociations; de nommer des femmes à la tête des négociations, mais aussi en tant qu’expertes et faire de l’expertise dans l’égalité des sexes une norme dans les équipes de médiation; et de réserver un minimum de 15% des fonds à l’appui de la participation des femmes dans la médiation.

    Mme MIRJANA SPOLJARIC, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que les développements actuels au Moyen-Orient et ailleurs rappelle de manière choquante la rapidité avec laquelle les conditions humanitaires peuvent se détériorer.  Toutes les parties à un conflit doivent, en toutes circonstances, faire tout leur possible pour garantir la protection des civils dans le strict respect du droit international humanitaire, en particulier dans la conduite des hostilités et dans la fourniture de secours humanitaires.

    La Présidente du CICR a ensuite dit avoir régulièrement constaté à quel point, les femmes et les filles sont gravement touchées par les conflits.  Dans le même temps, les souffrances qu’elles subissent et endurent sont trop souvent considérées comme marginales, insuffisamment comprises ou prises en compte. De plus, nombreuses sont les violations de leurs droits qui ne sont pas documentées ou qui continuent d’être considérées comme un effet secondaire inévitable de la guerre.  Or, il y a besoin de changement, que le Conseil doit mettre en œuvre, a-t-elle insisté, avant de présenter quelques recommandations.

    Premièrement, a-t-elle étayé, il faut prévenir et remédier aux préjudices causés par la violence sexuelle, dans un contexte où elles continuent de se produire fréquemment et en toute impunité.  Les États doivent donc adapter leurs lois et veiller à ce que les violences sexuelles soient toujours qualifiées de crime de guerre.  Il faut dans un second temps, appliquer fidèlement le droit international humanitaire en tenant compte de la violence sexiste causée par les conflits armés.  La participation des organisations locales de femmes qui connaissent leurs communautés, est à cet égard, cruciale, a-t-elle souligné.  Il faut enfin, garantir une pleine participation des femmes dans les processus de paix.  Et le CICR constate, chaque jour, que lorsque les femmes peuvent participer de manière égale et significative à leur économie et à leur société, cela profite à la résilience de l’ensemble de la communauté et améliore les perspectives de paix, a assuré sa Présidente.

    « Il y a cent étapes vers la paix, et les premières sont toujours humanitaires », a déclaré Mme Spoljaric.  Sans la contribution directe des femmes, sans la reconnaissance de l’impact sexospécifique des conflits armés sur elles, et sans la reconnaissance du rôle des femmes dans tous les aspects de leurs sociétés, les réponses de paix échoueront et manqueront de perspective pour une véritable sécurité.

    Mme GLIVÂNIA MARIA DE OLIVEIRA, Directrice générale de l’Institut Rio Branco et représentante du Brésil en tant que garante du dialogue de paix entre le Gouvernement de la République de Colombie et l’Armée de libération nationale (ELN), s’est réjouie que 23 ans après le vote de la résolution historique 1325, de plus en plus de gouvernements se penchent sur ces questions.  Elle a affirmé que les femmes sont davantage victimes des conflits et payent un tribut plus lourd que les hommes.  Les femmes, qui peuvent appuyer des formes de gouvernance inclusives, sont les plus promptes à investir dans la paix plutôt que dans la guerre.  Les bénéfices de la participation des femmes sont claires et évidentes.  Mais, de la théorie à la pratique, beaucoup d’obstacles se dressent, visibles et invisibles.  L’application des normes est là où le bât blesse.  Avec « terreur », elle a constaté qu’autour de la table des négociations, on continue de ne voir presque exclusivement que des hommes.

    Se gardant de désespérer, forte son expérience en tant que garante du dialogue de paix entre le Gouvernement de la République de Colombie et l’ELN, elle a pris pour exemple la dynamique lancée par la participation des femmes dans les négociations entre ces parties.  Une approche sensible aux questions femmes-hommes avait déjà été adoptée vis-à-vis de la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC) dans la mise en œuvre de l’accord de 2016 entre la FARC et le Gouvernement colombien.  S’agissant des négociations entre le Gouvernement et l’ELN, les femmes sont là aussi des moteurs, y compris les femmes autochtones et les représentantes du secteur privé, entre autres.  Après 4 cycles de négociations, les parties se sont mises d’accord pour un cessez-le-feu de 180 jours, un cessez-le-feu qui de plus est reconductible.  En outre, un Comité national de participation a été mis sur pied le 3 août, pour concevoir un processus de consultation dans tout le pays.  Il compte 82 membres dont 31 femmes, c’est-à-dire 38% de ses membres.

    Mme HALA AL-KARIB, Directrice régionale de l’Initiative stratégique pour les femmes de la Corne de l’Afrique (SIHA), a estimé que le débat d’aujourd’hui est l’occasion de réfléchir aux raisons pour lesquelles les droits des femmes doivent être au cœur de la résolution de tout conflit.  « Malheureusement, mon pays, le Soudan, illustre de manière frappante les conséquences d’un échec », a-t-elle ajouté.  Le conflit au Soudan est le résultat de décennies de violences contre les civils, violences qui ont touché presque tous les aspects de la vie des femmes. Les manifestations de masse menées par des femmes en 2018 étaient selon elle une réponse à la façon dont « les corps et les voix des femmes sont systématiquement attaqués depuis plus de 30 ans ».  Or, depuis, les autorités de transition ont été incapables d’endiguer la violence systémique, la discrimination à l’égard des femmes et l’impunité qui sévit au Soudan, a-t-elle déploré. 

    Selon Mme Al-Karib, la prise de pouvoir militaire qui a suivi illustre la futilité de soutenir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité sans insister sur la participation significative des femmes aux processus de paix et politiques. La nature sexospécifique du conflit est devenue évidente quelques heures seulement après le début des combats lorsque les premiers viols ont été signalés.  Depuis, les femmes soudanaises ont été soumises à des atrocités, plus de quatre millions d’entre elles risquant désormais d’être victimes de violences sexuelles.  Selon elle, les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont commis de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire, lesquelles pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Qui plus est, ce conflit a entraîné la perte des moyens de subsistance, le déplacement et la dépendance de millions de femmes à l’égard de l’aide humanitaire.  Malgré leur rôle important dans la réponse humanitaire, les femmes n’ont qu’une influence limitée sur l’acheminement de l’aide humanitaire, a constaté Mme Al-Karib

    Face à ces menaces, la Directrice régionale a exhorté le Conseil à exiger la cessation immédiate des hostilités au Soudan, à assurer la représentation significative des femmes à tous les niveaux, à appeler les parties à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, à financer entièrement la réponse humanitaire et les groupes de femmes, à rechercher les responsables des atrocités et à renforcer le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) pour lui permettre de soutenir la protection des civils.  Mme Al-Karib a en outre exhorté la communauté internationale à ne pas répéter ces erreurs dans d’autres crises, en faisant preuve de solidarité avec les femmes palestiniennes et afghanes.

    M. MAURO VIEIRA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a regretté que l’ambition originelle de la résolution 1325 (2000) n’ait pas été réalisée.  Pour parvenir à l’égalité des sexes et renforcer la participation des femmes à la paix et à la sécurité, il faut abolir les normes et les stéréotypes de genre qui perpétuent leur exclusion et leur marginalisation.  Les États Membres, aux côtés des organisations internationales et de la société civile, doivent promouvoir des changements culturels et sociaux qui soutiennent les droits et la participation des femmes.  Le Brésil a, pour sa part, adhéré à la Déclaration d’engagements communs sur les femmes et la paix et la sécurité aux côtés d’une dizaine de pays, a annoncé M. Vieira qui a souligné l’importance du Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, lequel a financé plus d’un millier d’organisations de la société civile dans 43 pays.  Le Brésil est aussi membre du Réseau des médiatrices du cône Sud et a rejoint le Réseau ibéro-américain de médiatrices qui est une plateforme visant à renforcer la participation des femmes à la médiation et aux efforts de paix.  Notre pays, a ajouté le Ministre, rejoindra l’Alliance mondiale des réseaux régionaux de médiatrices.  Le Gouvernement a par ailleurs lancé le deuxième plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité qui couvre la politique étrangère, la sécurité publique, la protection sociale, la participation politique et les droits des minorités.

    M. CHRISTOPHE NANGA (Gabon) a réaffirmé sa conviction que les femmes doivent faire partie de la réponse en participant pleinement à tous les processus de paix et de prise de décision.  C’est pourquoi son pays reste résolument engagé à réduire les inégalités hommes-femmes, à renforcer le leadership et la résilience de celles-ci et à promouvoir leur participation à tous les processus de prise de décisions.  À cet égard, il a rappelé l’organisation par son pays, alors Président du Conseil de sécurité en octobre 2022, d’un débat public annuel qui a mis en exergue l’importance de renforcer la résilience et le leadership des femmes comme moyen de parvenir à la paix dans les régions en proie aux groupes armés.  Car, a-t-il fait valoir, l’objectif principal demeure d’aller au-delà des mots et de donner une réelle visibilité aux femmes pour qu’elles puissent prendre en main leurs destins.  Raison pour laquelle le Ministre a appelé à intensifier les efforts déployés à l’échelle nationale, régionale et internationale en faveur d’une mise en œuvre globale, inclusive et efficiente de la résolution 1325 (2000) et des résolutions subséquentes sur le même sujet.

    Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué qu’en tant que premier pays à adopter une loi sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, les États-Unis vont mettre à jour leur politique dès lundi prochain.  La promotion de la femme en tant que négociatrice et cheffe de délégation nécessite davantage de financement.  Elle s’est dit troublée par le tableau que brosse le Secrétaire général dans son rapport annuel.  Elle a aussi évoqué les civils qui se sont retrouvés « entre le marteau et l’enclume » lors des terribles attaques du Hamas le 7 octobre dernier. Elle s’est attardée sur la situation des civils, dont des femmes et des enfants à Gaza, assurant que les États-Unis contribuent à faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire. Insistant ensuite sur la justice et l’établissement des responsabilités pour la violence à l’encontre des femmes, elle s’est félicitée de ce que certaines opérations de paix accroissent le nombre de femmes parmi leur personnel.  Lors de sa visite au Tchad, il y a un mois, elle a dit avoir rencontré des femmes ayant souffert les affres du conflit, mais aussi en Ukraine, où des femmes ont fait preuve d’une résilience sans pareille.  Nous devons aider toutes ces femmes qui sont en première ligne dans les conflits, a exhorté la représentante.

    Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAABI, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a déclaré que dans son pays, la parité femmes-hommes au Conseil national fédéral a grandement contribué à garantir que celles-ci non seulement bénéficient du développement, mais qu’elles en soient également le moteur.  Elle a aussi estimé que les institutions régionales et internationales, y compris le Conseil de sécurité, devraient être façonnées par les perspectives sexospécifiques.  Elle a salué le rôle du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, coprésidé par son pays et la Suisse, qui selon elle, a joué un rôle essentiel pour mieux comprendre le sort des femmes dans les conflits ainsi que leur contribution à la prévention et à la résolution de ces conflits.  La déléguée a en outre plaidé pour des partenariats qui fourniraient aux femmes une passerelle pour apporter des changements positifs dans les processus de prévention, de secours pendant le conflit, de consolidation de la paix et de relèvement. Chaque jour où les femmes sont exclues est un jour où nous nous retenons dans la poursuite de nos objectifs communs de paix et de sécurité, a conclu la Ministre d’État.

    Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a mis en avant un nouveau plan d’action national britannique visant à concrétiser la participation significative des femmes. Le Secrétaire d’État aux affaires étrangères britannique a récemment rencontré des Soudanaises artisanes de la paix pour connaître leurs points de vue sur l’amélioration de la participation des femmes.  Le Royaume-Uni soutient aussi la Colombie dans l’élaboration de son plan d’action national, et la déléguée a au passage salué la vaste consultation menée par le Gouvernement colombien auprès des femmes et de la société civile. L’oratrice a aussi relayé les appels à l’action des femmes –d’Afghanistan, de République démocratique du Congo, de Syrie et d’ailleurs– portés devant le Conseil et appelé à l’action.  Concernant l’autonomisation, le Royaume-Uni a lancé un programme d’un montant de 46 millions de dollars pour soutenir les organisations locales de défense des droits des femmes dans le monde entier. Grâce à son initiative pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, le pays place les survivantes au centre des prises de décision et promeut leur leadership.  En Ukraine, le Royaume-Uni fournit son expertise en matière de violence sexuelle en temps de conflit, via un financement de plus de quatre millions de dollars pour lutter contre la violence basée sur le genre. Enfin, concernant la protection, la déléguée britannique a appelé les membres de ce Conseil à agir pour que soit assurée la protection des défenseures des droits humains.

    M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a déclaré qu’en souscrivant aux engagements contenus dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, son pays s’est engagé à amplifier la voix des femmes. Pour ce faire, nous devons assurer un espace civique accessible à tous, qu’il s’agisse du marché du travail, de l’éducation, de la représentation politique ou encore de la revitalisation économique. La participation des femmes est indispensable à l’avènement d’une paix durable, a ajouté le représentant, en exprimant son appui à l’engagement de celles-ci dans la prévention des conflits et la cohésion sociale.  Il a plaidé pour que les mécanismes institutionnels de participation des femmes s’attaquent en outre aux obstacles rencontrés par les groupes historiquement marginalisés.  Sans protection et prévention de la violence à leur endroit, les femmes ne peuvent pas participer pleinement et sur un pied d’égalité à la vie politique, sociale ou économique en temps de conflit comme de paix, a martelé le délégué.  Prenant l’exemple de la discrimination institutionnalisée et de la persécution systématique fondée sur le sexe qui a cours en Afghanistan, il a fait valoir qu’il incombe à chaque État de prévenir les violations des droits des femmes et des filles.

    M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dit que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité constitue une priorité pour son gouvernement qui entend redoubler d’efforts pour obtenir une participation significative des femmes au rétablissement, au maintien et à la consolidation de la paix.  L’ONU et, en particulier, le Conseil de sécurité doivent montrer l’exemple et veiller à l’intégration ou au renforcement de la perspective genre dans toutes les opérations de paix et les missions politiques spéciales.  Ils doivent s’assurer que les parties aux conflits armés prennent des mesures spéciales pour protéger les femmes, les filles et les enfants.  L’autonomisation socioéconomique des femmes et des filles dans la période postconflit est un outil efficace pour leur permettre de contribuer au développement et à une paix durable.

    Au Mozambique, a déclaré le représentant, le Gouvernement s’est attelé à la mise en œuvre d’outils liés au désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), notamment des projets de réduction de la violence communautaire afin d’autonomiser les femmes, d’atténuer les conflits locaux, de prévenir le recrutement dans les groupes armés et de renforcer la résilience des communautés, y compris leur capacité à intégrer les ex-combattantes.  Le Gouvernement a aussi nommé des femmes officiers militaires à des postes clefs, promu le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme et pour l’égalité des sexes au sein des Forces de défense du Mozambique.

    Mme MARIA ZABOLOTSKAYA (Fédération de Russie) s’est targuée d’avoir une des législations qui protège le plus les droits des femmes et a assuré soutenir la participation des femmes au processus de maintien de la paix. Pour la représentante, la priorité doit être accordée, en outre, aux qualités professionnelles des femmes, en veillant aussi à prendre en compte leurs intérêts personnels.  Dans ce contexte, les États doivent également déployer des efforts pour protéger les valeurs familiales traditionnelles en tant que base morale de toute société, selon la représentante qui a également défendu l’accès des femmes aux ressources, à la technologie et au secteur bancaire dans le contexte d’une reconstruction durable des États après des conflits.  Sur ce point, elle a déploré les effets néfastes des mesures coercitives unilatérales sur le bien-être des femmes et de leurs familles.  À cet égard, elle a exhorté l’ONU à surveiller activement les effets nuisibles de telles mesures, estimant que ces problèmes devraient être au centre des activités du Groupe d’experts du Conseil chargé du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

    La déléguée a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution clef 1325 et au strict respect de son mandat, loin de toute politisation.  Par ailleurs, elle évoqué le recours aveugle à la force, se disant gravement préoccupée par la situation à Gaza, dont les victimes sont principalement des femmes et des enfants.  La Russie ne ménage aucun effort pour faire cesser l’effusion de sang par tous les canaux, notamment dans le cadre du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a-t-elle soutenu.  Se tournant ensuite vers ses homologues américain et britannique, elle s’est demandé pourquoi ces délégations se sont concentrées sur la situation en Ukraine sans se préoccuper des grandes questions de violence touchant les femmes en Afghanistan et en Iraq.

    M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a attiré l’attention sur la mise en garde formulée, en août 2023, dans le rapport d’évaluation du plan d’action de la stratégie de la Commission de consolidation de la paix relative aux questions de genre qui met l’accent sur l’insuffisance de la présence des femmes sur le terrain. Dès lors, il a critiqué la persistance de structures discriminatoires sexistes et proposé, pour passer de la parole aux actes, de transversaliser la perspective d’égalité des sexes dans les mandats du Conseil et dans les « produits » de l’ONU, en particulier ceux afférents au contrôle des armes, au désarmement et à la non-prolifération; à la redevabilité et la justice transitionnelle; ou encore la participation aux processus de médiation, de maintien et de consolidation de la paix. À titre d’exemple, il a souligné que les résolutions 2692, 2699 et 2700 (toutes de 2023) du Conseil sur Haïti contenaient un langage robuste encourageant à la pleine participation politique des femmes et à la mise en place d’un cadre de prévention de l’exploitation et des abus sexuels à l’encontre des femmes.  Le langage adopté encourageait aussi à accroître le nombre d’experts sur cette question au sein du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Le délégué a en outre mentionné que, dans sa déclaration à la presse ce matin, dans le cadre de la Déclaration d’engagements communs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, l’Équateur a réaffirmé son attachement à doter les femmes d’une voix et à donner forme à leurs exigences.

    Mme CAROLYN OPPONG-NTIRI (Ghana) a présenté trois actions, qui selon elle, peuvent améliorer la participation pleine, égale et significative des femmes.  Tout d’abord, le Conseil de sécurité devrait renforcer son soutien aux plateformes telles que le Pacte sur les femmes, la paix et la sécurité et l’action humanitaire, qui unit les États Membres, les organisations régionales, les groupes de la société civile et le secteur privé pour favoriser la sécurité économique et le leadership des femmes.  Deuxièmement, le Conseil devrait créer un environnement sûr pour les femmes impliquées dans les processus de paix, y compris les médiatrices, les défenseures communautaires, les femmes journalistes, les soldats de la paix ou les femmes qui coopèrent avec l’ONU.  Le Conseil devrait enfin mettre en place une coopération bilatérale efficace avec les organisations régionales et sous-régionales pour la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, dans le but d’accélérer le développement économique.  Nous encourageons donc de tels partenariats, a conclu l’oratrice.

    Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a d’abord souligné que le désarmement et le contrôle des armements sont au cœur de l’agenda international, alors même que les dépenses militaires dans le monde entier atteignent des montants sans précédent. En mettant un terme au transfert illicite d’armes et de munitions, nous pouvons affaiblir les liens entre militarisation et violence sexiste, a-t-elle argué.  En outre, grâce à un financement flexible et prévisible des organisations locales de défense des droits des femmes et des organisations humanitaires dirigées par des femmes, nous pourrions combler le manque de financement de l’égalité des sexes dans les situations de crise, a-t-elle poursuivi. Enfin, le système des Nations Unies doit veiller à ce que les risques auxquels sont confrontées les défenseures des droits humains ne soient jamais utilisés comme excuse pour les exclure. La déléguée de Malte a réaffirmé que son pays s’engage à amplifier la voix des femmes et à soutenir leur participation à la paix et à la sécurité internationales, notamment dans le cadre de l’élaboration du second Plan d’action national.

    Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré qu’en réponse aux attaques contre les droits des femmes et des filles, il faut mettre en œuvre les dix résolutions « femmes, paix et sécurité » adoptées par le Conseil.  À cette fin, elle a exprimé son soutien au renforcement de la participation et de la protection des femmes aux missions de l’ONU, comme le fait la France en finançant la formation d’officières et de conseillères sur les questions de genre. Nous devons en outre associer davantage les femmes aux pourparlers de paix et à la réponse humanitaire.  Paris a par ailleurs augmenté son financement des organisations féministes, par le biais d’un fonds dédié de 250 millions d’euros au cours des cinq prochaines années.  Pour lutter contre les violations des droits des femmes et des filles, notamment en Afghanistan, la déléguée a appelé les États Membres à respecter les engagements internationaux tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Nous devons également lutter contre l’impunité des responsables de violences sexuelles et fondées sur le genre en temps de conflit, tout en assurant l’accès aux soins de santé des victimes.

    M. ARIAN SPASSE (Albanie) a appelé les États Membres à mettre en place des mécanismes institutionnels adéquats pour assurer une mise en œuvre effective de la résolution 1325 (2000), les engageant également à éliminer les pratiques discriminatoires et assurer l'égalité d'accès aux opportunités pour les femmes à tous les niveaux.  De même, l’ONU devra augmenter le nombre de formations sensibles au genre pour toutes les composantes des missions de maintien de la paix afin d'atténuer la fréquence des actes de violence sexiste et d'exploitation sexuelle à l'encontre des femmes dans les contingents. Il faut également faire entendre la voix de la société civile au Conseil de sécurité.

    Mme SHINO MITSUKO (Japon), rappelant l’intervention, en janvier dernier, de la Présidente du Réseau Paix et sécurité des femmes dans l’espace CEDEAO, a appelé à investir dans les femmes et les filles pour appuyer l’inclusivité sociale et édifier par la même des institutions résilientes et effectives. Elle a également exhorté les gouvernements à prioriser le développement des infrastructures communautaires et à satisfaire les besoins de base des populations vulnérables.  C’est en répondant aux besoins fondamentaux des femmes et des filles que l’on pourra s’attaquer aux causes profondes de leur sous-représentation et de leur exclusion en matière de paix et de sécurité, a-t-elle affirmé.  La représentante a également insisté sur l’importance d’élaborer des plans d’action nationaux pour suivre la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

    M. GENG SHUANG (Chine) a relevé que les femmes et les enfants sont les principales victimes de la reprises des hostilités au Moyen-Orient et des conflits en Afrique, ce qui impose au Conseil de jouer le rôle qui lui incombe pour garantir une protection efficace des civils, et aider au règlement du conflit israélo-palestinien.  Il a appelé la communauté internationale à inclure davantage la perspective hommes-femmes dans les processus de paix, en tirant profit des capacités de communication de ces dernières.  Il faut, d’autre part, s’engager dans des partenariats à l’échelle internationale en misant sur la contribution enrichissante des institutions de l’ONU, a-t-il ajouté, plaidant pour le renforcement des partenariats Sud-Sud et triangulaire.

    Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, a rappelé que son pays avait lancé, en 2015, le Forum de dialogue annuel Gertrude Shope, ainsi que le Réseau des femmes médiatrices, pour former des cohortes de négociatrices et d’observatrices de la paix africaines. Ces initiatives ont montré comment les femmes peuvent contribuer à la paix et à la stabilité et soutenir d’autres vivant dans des conditions vulnérables.  L’Afrique du Sud propose en outre des programmes annuels de formation aux jeunes et aux femmes sur la résolution des conflits, la médiation et la négociation aux femmes des pays touchés par des conflits.  Certains des stagiaires sont désormais membres de diverses initiatives de consolidation de la paix dans leurs pays respectifs.  Les Sud-Africaines soldates de la paix font en outre une différence sur le terrain, lorsqu’elles sont déployées dans des missions, s’est-elle réjouie.

    Concluant, elle a voulu reconnaître le rôle joué par les organisations de la société civile dans la recherche d’une paix durable, en particulier dans le cas du conflit israélo-palestinien.  Elle a souligné la solidarité intercommunautaire forgée par les Femmes du Soleil de Palestine et les Femmes Wage Peace d’Israël, visant à engager les parties dans le dialogue et la diplomatie pour parvenir à une paix juste, globale et durable.  Il s’agit d’un exemple d’activisme positif et de leadership inspirant de la part des femmes qui s’efforcent de trouver une solution dans le contexte de l’occupation continue de la Palestine.  Nous encourageons ces femmes à poursuivre leur solidarité face à l’adversité et à l’aggravation de la crise politique et sécuritaire, a-t-elle conclu.

    Selon M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, l’appui du Luxembourg au renforcement du rôle des femmes en tant qu’agentes de la paix s’inscrit dans sa « politique étrangère féministe » et son Plan d’action national « femmes et paix et sécurité » lancé en 2018 et en cours de prorogation.  Afin de réaliser les objectifs de l’agenda et d’éradiquer toutes les formes de violence et de discrimination, il a appelé à tenir compte de deux aspects essentiels.  Le premier, est la réalisation de l’égalité des genres qui exige une approche globale et concertée dans toutes les enceintes multilatérales, y compris à l’ONU. Comme les guerres sont faites par les hommes, faisons des femmes les moteurs de la paix, a-t-il formulé.  Il a aussi prévenu que tout effort en faveur de l’égalité des genres restera incomplète sans la participation des hommes et des garçons à l’agenda féministe.  Le second objectif est la défense de la santé et des droits sexuels et reproductifs: l’autonomie corporelle, s’est-il expliqué, est une étape indispensable pour atteindre l’égalité des genres et permettre aux femmes et aux filles de prendre part aux processus de paix.

    Mme RETNO L. P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a considéré que les événements de la semaine dernière à Gaza sont le reflet de la réalité d’aujourd’hui, plus de 60% des victimes des attaques menées contre des civils étant des femmes et des enfants.  Malgré les efforts mondiaux déployés en faveur de l’autonomisation et l’égalité des femmes, celles-ci continuent d’être les premières victimes de l’absence de paix et de l’insécurité.  Il s’agit, selon la Ministre, d’un douloureux signal d’alarme pour que la communauté mondiale investisse davantage dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Alors que les femmes représentent la moitié de la population mondiale, elles ne devraient pas être considérées comme de simples victimes de guerres, mais comme une partie intégrante de la solution et comme des agents actifs de la paix, a-t-elle souligné.  L’autonomisation et la participation des femmes doivent être considérées non comme un fardeau, mais comme un investissement dans la résilience des sociétés.  Elle a également appelé à investir davantage dans le leadership des femmes dans les processus de paix, y compris au sein du système de l’ONU.  Elle a par ailleurs indiqué que l’éducation des femmes est un facteur essentiel pour éliminer les barrières et accroître leur participation dans la société. 

    Mme KEISAL PETERS, Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a offert sa sympathie aux femmes et aux enfants qui souffrent des conséquences de la guerre.  À l’heure actuelle, a-t-elle dit, ils représentent déjà plus de 60% des victimes de la guerre au Moyen-Orient et ce chiffre risque d’augmenter si un cessez-le-feu n’est pas décrété.  Elle a donc appelé à une cessation immédiate des hostilités et à une paix juste et durable. La communauté internationale doit veiller à ce que le droit international humanitaire soit respecté à Gaza et que la résolution 1325 (2000) soit adaptée à son objectif.  Selon la Ministre, les solutions aux conflits doivent être durables et inclusives, ce qui implique que la participation des femmes à tous les processus de paix doit être la norme.

    Mme Peters a exhorté tous les organes et agences de l’ONU à mener systématiquement des analyses de genre.  L’ONU doit également fournir un soutien financier et technique et renforcer les capacités nationales pour une plus grande participation des femmes.  Les femmes doivent avoir des chances égales de diriger et de participer aux négociations de paix et aux organes de transition, notamment en tant que médiatrices.  Elles doivent être impliquées dans le suivi des accords de paix et de tous les autres processus politiques et économiques liés à l’instauration et au maintien de la paix, a énuméré la Ministre.

    M. MARIO ADOLFO BÚCARO FLORES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a fait valoir que son pays a été le huitième de l’Amérique latine à mettre en place, en 2017, un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, avec une feuille de route annuelle.  Les autorités se sont également efforcées de soutenir un dialogue intergénérationnel des « Femmes marchant pour la paix », pour générer des alliances et des changements culturels en faveur de la paix et de la lutte pour l’égalité.  Le suivi du Plan d’action national est effectué par la Table interinstitutionnelle sur les femmes, la paix et la sécurité, créée en 2023, et à laquelle participent plusieurs institutions publiques, accompagnées par la société civile et ONU-Femmes, a expliqué le Ministre.

    Le Gouvernement du Guatemala a ratifié plusieurs instruments relatifs à la protection et à la promotion des droits des femmes et, en ce sens, il s’est donné pour priorités la politique nationale de promotion et de développement intégral des femmes ainsi que le Plan d’égalité des chances, conçus et concrétisés dans le cadre d’un intense processus de participation et de consensus, du niveau territorial au niveau national, avec des contributions de femmes mayas, métisses, garifunas et xinkas.  S’agissant de la protection d’une vie sans violence et des enquêtes et des sentences, le Guatemala a adhéré, en 2012, au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Le Ministre a réitéré l’engagement de son pays à contribuer aux opérations de paix de l’ONU, en tenant dûment compte de la nécessité d’y renforcer le personnel féminin.

    M. LORD VAEA, Ministre de l’intérieur des Tonga, a axé sa déclaration sur la problématique des changements climatiques et l’impact des crises croisées (changements climatiques et catastrophes liées à la COVID, y compris l’éruption volcanique du 15 janvier 2022 aux Tonga) sur la sécurité mondiale.  Il a rappelé à cet égard l’adoption par les dirigeants du Pacifique de la Déclaration de Boe, en 2018, et de la Stratégie pour le continent du Pacifique bleu à l’horizon 2050, qui reconnaît une approche globale de la sécurité.  Le délégué a ensuite fait le lien avec la politique nationale des Tonga en matière d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes, ainsi qu’avec le Programme d’action du Pacifique pour l’égalité des sexes et les droits des femmes: ces programmes créent un environnement propice à l’intégration de la dimension genre dans les politiques gouvernementales, les programmes et les services, y compris les allocations budgétaires.  Ils s’alignent bien sur les objectifs des réseaux de médiatrices, a-t-il assuré.

    Le délégué a ensuite fait plusieurs suggestions au Conseil de sécurité en ce qui concerne son soutien à l’action climatique, lui recommandant notamment de nommer un représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité et de déployer un personnel spécialisé tel que les conseillers en matière de sécurité climatique.  Les actions collectives destinées à faire face aux crises globales auxquelles le Pacifique est confronté peuvent permettre de traduire en actions l’objectif de mieux faire participer les femmes à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il conclu.

    M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la diaspora nationale de l’Algérie, a déclaré que son pays a érigé en priorité absolue, et dans la perspective de prochain membre élu du Conseil de sécurité, la mise en œuvre de son Plan national pour les femmes, la paix et la sécurité.  Ledit Plan intègre divers objectifs, dont celui d’impliquer les femmes algériennes dans tous les processus, en tenant compte de leurs contributions « historiques » à la lutte contre le colonialisme et à l’édification de l’État algérien.  Le Plan prévoit également le recrutement des femmes dans les secteurs de la sécurité et leur promotion dans diverses instances régionales et internationales chargées de la paix et de la sécurité, des négociations et du maintien de la paix. Le Ministre a tenu à rendre hommage à la résilience des femmes palestiniennes face à l’agression « brutale » de la bande de Gaza et des femmes sahraouies qui œuvrent pour la défense du droit à l’autodétermination de leur peuple.

    Mme ELIZABETH TAYLOR JAY, Vice-Ministre des affaires multilatérales de la Colombie, a témoigné d’une « histoire transformatrice », celle de « la paix totale » en Colombie, conquise avec la participation des femmes, dont la guerre a « marqué le corps » et « bouleversé les projets de vie ».  Elle a vanté les mérites du programme d’action de la Colombie pour la mise en œuvre de la résolution 1325, un outil de qualité pour défendre la participation des femmes, selon elle.

    Les Colombiennes peuvent être fières du travail accompli cette année, après plus de 20 ans de navigation en solitaire, sans soutien de l’État, a poursuivi la Vice-Ministre.  « Les choses changent », a-t-elle reconnu en faisant état d’un processus de paix et de participation qui a été parachevé.  Plus de 1 500 femmes y ont participé, dont des femmes queer, trans, handicapées ou détenues, s’est-elle réjouie.  Elle a aussi fait valoir que les voix des femmes les plus diverses ont été écoutées pour pouvoir formuler des recommandations concernant la mise en œuvre du plan.  Cet exploit n’a été possible que grâce au soutien d’ONU-Femmes et d’autres organes onusiens, ainsi qu’à des pays comme les États-Unis, la Suède et l’Irlande, entre autres.  « Les Colombiennes sont des héroïnes », a-t-elle formulé, et le pays se transforme.  L’approche basée sur le genre se retrouve désormais dans tous les processus et dialogues de paix dans le pays.

    Mme SANJA ŠTIGLIC, Secrétaire d’État aux affaires politiques et multilatérales et à la coopération au développement de la Slovénie, a dit que la participation des femmes aux processus de paix a régressé depuis l’adoption de la résolution 1325 comme en témoigne la situation au Moyen-Orient.  Elle a regretté que le monde ne soit pas sur la bonne voie pour atteindre l’ODD no 5 (égalité des sexes) d’ici à 2030, mais témoigné que la Slovénie allait augmenter de 85% son aide consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes d’ici à cette date. Elle a fait valoir que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité ne peut être réalisé qu’avec un soutien politique fort et un partenariat avec toutes les parties prenantes concernées, y compris les organisations régionales, les organisations de la société civile et les artisans de la paix. 

    La Secrétaire d’État a recommandé que le Conseil de sécurité inclue plus systématiquement la dimension genre dans ses travaux ainsi que des dispositions spécifiques à l’égalité des sexes dans les nouveaux mandats qu’il décide.  Il faut également inclure la violence sexuelle comme critère de désignation dans les sanctions, a plaidé la Secrétaire d’État, qui a aussi condamné toute tentative d’intimidation et de faire taire les femmes qui présentent des exposés devant le Conseil.  L’ONU doit prévenir et combattre toute mesure de représailles à leur encontre ou à l’encontre des membres de leur famille, a-t-elle exigé. Avant de conclure, elle a indiqué que la Slovénie se joignait à la déclaration d’engagements communs sur les femmes et la paix et la sécurité.

    Mme YRINA MUDRA, Vice-Ministre de la justice de l’Ukraine, a déclaré que son pays exécute le deuxième plan d’action national pour l’application de la résolution 1325, amendé et mis à jour, en décembre 2022, pour répondre aux besoins actuels, en tenant compte également de l’agression russe à grande échelle.  Ce plan, a-t-elle précisé, reconnaît que les femmes en Ukraine sont des actrices et des agents dans la guerre en cours, ainsi que dans le redressement et la reconstruction du pays.  Elle a affirmé que le débat d’aujourd’hui est d’une « importance capitale » dans le contexte des conséquences dévastatrices de l’agression armée russe en cours contre l’Ukraine. 

    La Vice-Ministre a souligné que, tout au long de ses appels répétés au plein respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, l’Ukraine s’est efforcée de placer les victimes et les survivants au cœur de tous les efforts et de garantir l’accès non discriminatoire et complet des survivantes aux services essentiels, y compris les services de santé sexuelle et reproductive et les services de santé mentale et psychosociale, ainsi qu’à une justice sensible au genre.  Elle a aussi indiqué que plus de 60 000 Ukrainiennes se défendent à présent contre l’agression de la Russie dans le cadre de l’Armée ukrainienne et que le nombre de femmes qui font partie du Gouvernement a augmenté.  La Vice-Ministre a ensuite signalé l’adoption d’une plateforme sur l’intégration et l’inclusion de la dimension de genre pendant le relèvement, qui garantit l’inclusion du principe de l’égalité des sexes dans le processus de redressement de l’Ukraine et prévoit une meilleure coordination entre les autorités exécutives et d’autres acteurs concernés tels que la société civile et les représentants des entreprises.

    La Vice-Ministre a en outre fait état d’atrocités de masse commises par la Russie contre les civils dans les territoires occupés, expliquant qu’il est impossible de savoir combien d’Ukrainiens sont victimes de ces crimes car ces derniers ne sont pas toujours rapportés.  Elle a signalé que les premiers cas de violence sexuelle commises par les soldats russes contre des femmes, des filles, des hommes et des garçons ukrainiens ont été répertoriés par la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine et par la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine.

    Mme KHATUNA TOTLADZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de Géorgie, a déclaré que garantir la participation significative des femmes aux processus de paix est une priorité du Gouvernement géorgien, qui met l’accent sur les questions concernant les femmes touchées par les conflits.  Tbilissi est en outre déterminé à maintenir ces questions à l’ordre du jour des discussions internationales de Genève concernant les questions sécuritaires et humanitaires découlant de l’occupation par la Fédération de Russie de deux régions géorgiennes.  Or, le contrôle effectif de la Russie sur les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali se poursuit en dépit de ces efforts, entravant le processus de paix et empêchant les autorités géorgiennes d’assurer la protection des femmes géorgiennes restées de l’autre côté.  La Russie continue également de violer l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008, a dénoncé la représentante, en évoquant des cas de détention de femmes géorgiennes sur la base d’accusations « fictives et absurdes ».  Face à ces abus, elle a demandé que les mécanismes internationaux et régionaux de défense des droits humains aient accès aux régions occupées.

    Mme STELLA RONNER-GRUBAČIĆ, Ambassadrice de l’Union européenne pour le genre et la diversité, a appelé à œuvrer résolument en faveur d’un financement durable, prévisible et flexible pour les organisations de femmes et celles dirigées par des femmes.  Dans l’approche stratégique de l’UE en matière du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, la participation des femmes est une priorité transversale, a-t-elle indiqué.  Associée à une intégration de la dimension relative au genre, la mise en œuvre de l’ensemble du programme s’en trouve renforcée.  Ainsi, au cours des trois dernières années, la proportion de femmes parmi le personnel international des missions civiles, est passé de 24% à 28%.

    L’UE, a poursuivi Mme Ronner, a également promis une augmentation substantielle du financement de son mécanisme pour les défenseurs des droits humains, d’un montant total de 30 millions d’euros, pour la période 2022- 2027.  Elle a expliqué que ce mécanisme permettra de continuer à faire entendre les voix des femmes afghanes et celles d’horizons divers, y compris dans le cadre du Forum des femmes dirigeantes afghanes.  En collaboration avec d’autres, l’UE continuera en outre, de promouvoir le leadership des femmes et leur participation aux processus de paix et de sécurité, et ce, à tous les niveaux, a-t-elle encore assuré.

    Mme NASRIA ELARDJA FLITTI, de la Ligue des États arabes, est revenue sur les quatre propositions des membres de la Ligue pour la promotion de la résolution 1325 (2000).  Elle a dénoncé l’agression barbare à Gaza et ses conséquences désastreuses pour les femmes, les filles et les garçons.  La guerre ignoble menée par Israël contre des populations civiles innocentes constitue une violation flagrante du droit international, du droit international humanitaire et de toutes les valeurs de l’islam, de la chrétienté et du judaïsme. Comme les peuvent apporter une contribution importante à la paix et à sa consolidation, les États arabes ont mis en place un réseau de femmes et des programmes d’intervention contre la violence dans les conflits armés dans la région arabe, entre autres initiatives qui tirent les enseignements des expériences d’autres régions.

    Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déclaré inacceptable que le caractère progressiste des normes internationales en matière d’égalité des sexes soit remis en question, jugeant indispensable de garantir les droits des femmes, leur santé reproductive et sexuelle, y compris à un avortement sûr et leur autonomie corporelle, ainsi que la fourniture de services de santé mentale et de soutien psychosocial.  Étant un des premiers pays en développement à proclamer une politique étrangère féministe, le Mexique s’emploie à la transformation des structures entravant l’autonomisation des femmes et la pleine jouissance de leurs droits.

    Au niveau international, a-t-elle enchaîné, le Mexique préside conjointement avec l’Irlande le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité.  Elle a précisé que les deux pays exhortent les prochains coprésidents à défendre la centralité de l’égalité des sexes et des droits des femmes et des filles, notamment la prévention de la violence sexuelle et sexiste, dans tous les processus internationaux de paix et sécurité, et dans tous les documents finals adoptés par le Conseil.  Elle a salué la création de la Red Iberoamericana de Mujeres Mediadoras (Réseau ibéro-américain des médiatrices), ainsi que le Pacte sur les femmes, la paix, la sécurité et l’action humanitaire, établi par le Forum Génération Égalité, conjointement présidé par le Mexique et la France en 2021.

    M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a témoigné de la fierté de son pays d’accueillir, depuis 2019, une conférence annuelle internationale sur l’action des femmes pour la paix.  La cinquième se tiendra le 30 novembre, à Séoul.  Jugeant impératif de garantir un environnement sûr pour la participation des femmes, il s’est alarmé que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ait signalé des représailles contre 172 femmes qui travaillaient pour l’ONU en 2022.  Plus de 30 femmes de la société civile qui sont intervenues au Conseil de sécurité, l’année dernière, ont aussi été la cible de représailles.  Le délégué a fermement condamné ces actions, avant de dire que son pays, dont la contribution au Fonds pour la consolidation de la paix s’élève, cette année, à plus de 4,3 millions de dollars, envisage aussi d’augmenter sa contribution au programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

    Mme NORDIANA ZIN ZAWAWI (Malaisie) s’est inquiétée du recul des efforts mondiaux dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Pour sa part, la Malaisie a adopté des mesures pour assurer la participation des femmes à tous les niveaux de prise de décision, conformément aux objectifs de sa politique nationale sur les femmes, lancée en 1989.  Parmi les 868 membres des Forces armées et de la Police royale de la Malaisie déployés dans cinq opérations de maintien de la paix des Nations Unies, 96 sont des femmes, a indiqué la déléguée.  Elle a jugé urgent d’inclure davantage de femmes dans les processus de paix, car leurs qualités de compassion et d’écoute empathique sont des atouts inestimables pour traiter des questions telles que les crimes fondés sur le genre et les violences sexuelles liées aux conflits armés.

    M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) s’est alarmé que quelque 614 millions de femmes et de filles vivent dans des pays touchés par des conflits en 2022, soit 50% de plus qu’il y a cinq ans.  Les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits, les menaces et les attaques contre les femmes et les filles sont à la hausse dans de nombreuses régions du monde, y compris en Ukraine voisine, a-t-il relevé.  Le représentant a demandé que les auteurs soient tenus de répondre de leurs actes et que les survivantes bénéficient d’un soutien pour leur intégration. À ses yeux, les femmes devraient se voir garantir une participation significative et des postes de direction dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix.

    Le délégué a assuré que la promotion et la protection des droits des femmes sont au cœur de la politique étrangère de son pays, et une priorité de sa participation au Conseil des droits de l’homme.  Dans cette optique, il a invité les pays membres du Réseau mondial de points de contacts nationaux pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité à participer à la Conférence internationale du Réseau qui se tiendra à Bucarest du 7 au 9 novembre 2023.

    M. IVAN ŠIMONOVIC (Croatie) a déclaré que l’expérience de la Croatie démontre clairement que les femmes, non seulement supportent un immense fardeau pendant les conflits, mais également qu’elles jouent un rôle crucial dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.  Pour cette raison, les autorités croates sont pleinement engagées à promouvoir et à mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tel que décrit dans leur deuxième plan d’action national, actuellement en vigueur.  Le représentant a ensuite salué l’initiative visant à faire venir davantage de femmes d’horizons divers comme intervenants au Conseil de sécurité, une façon de faire entendre de nouvelles voix et de nouvelles idées sur la manière d’améliorer la mise en œuvre.  Il a aussi souligné l’importance d’une coopération constante avec la société civile. Elle devrait être systématisée dans le cadre de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il recommandé.

    Au nom du Groupe des Amis des femmes, de la paix et de la sécurité, Mme JACQUELINE O´NEILL (Canada) a exhorté tous les États Membres et le système des Nations Unies à redoubler d’efforts pour protéger et promouvoir les droits humains des femmes et garantir leur participation pleine et entière dans les processus de maintien de la paix.  Le taux de 50% de participation des femmes doit devenir la norme, a-t-elle réclamé en conseillant de démanteler les structures patriarcales et d’oppression qui entravent les progrès en matière d’égalité des sexes.  Le Groupe, a dit la représentante, suggère de créer des conditions sûres, en ligne et hors ligne, pour les artisanes de la paix, les défenseuses des droits humains, les militantes environnementales, les représentantes de la société civile et les journalistes, pour qu’elles puissent toutes travailler librement. 

    La représentante a demandé des mesures pour parer à l’intimidation et aux représailles à l’encontre des femmes travaillant dans la consolidation de la paix et des militantes des droits humains et de l’égalité des sexes.  Les États Membres et le système de l’ONU doivent garantir un financement durable, pérenne et souple pour les efforts menés par les organisations de femmes et les réseaux des médiatrices, a-t-elle aussi recommandé. Il faut aussi, selon la représentante, donner la priorité aux rescapées et aux victimes qui doivent avoir un accès sans discrimination aux soins de santé sexuelle, de santé mentale et psychologique.  Ces femmes doivent aussi pouvoir accéder à une justice qui prenne en compte les questions sexospécifiques lorsque les institutions nationales ne sont pas en mesure ou refusent de poursuivre les auteurs de ces crimes.  Quant au Conseil de sécurité, il doit démontrer qu’il peut adopter des sanctions ciblées contre les auteurs de violences sexuelles et sexistes dans les conflits. 

    À titre national, la représentante du Canada a regretté que le travail accompli pour renforcer les institutions et réaliser la paix soit perdu alors que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité peut y jouer un rôle central.  Il faut, a-t-elle dit, faire appel aux artisanes de la paix et forger de nouveaux partenariats au-delà des divisions traditionnelles, des silos et des blocs géopolitiques.  La déléguée a réclamé un financement prévisible, adéquat et durable du travail des artisanes de la paix.  Cela implique une réflexion sur notre action et mérite l’élaboration d’une nouvelle résolution l’année prochaine.

    Mme CHRISTINA MARKUS LASSEN (Danemark), qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a mis l’accent sur le rôle indispensable des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix dans les communautés, en ce qu’elles favorisent le dialogue en répondant aux crises. À cet effet, la médiation locale peut être un point d’entrée fondamental pour la participation des femmes au rétablissement de la paix lorsque les négociations de haut niveau sont dans l’impasse, a-t-elle remarqué. Elle a plaidé pour que les groupes féminins puissent participer de manière significative à tous les processus politiques, notamment grâce à des mécanismes de financement flexible comme le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, mais aussi grâce à l’accès au renforcement des capacités et à la protection contre les représailles. Elle a jugé tout aussi important d’exercer une pression politique lorsque les femmes en sont exclues.

    D’un autre côté, il revient à l’ONU de prendre des mesures concrètes en faveur d’une plus grande diversité et d’une représentation des femmes, y compris des jeunes femmes, dans les équipes de médiation qu’elle dirige ou codirige, a recommandé l’intervenante.  L’ONU doit montrer l’exemple pour parvenir à un changement normatif et pratique fondamental, a prôné la représentante pour qui, au bout du compte, la participation pleine, égale et significative des femmes consiste à briser les structures de pouvoir et à maintenir la paix.  Il incombe par ailleurs aux États Membres, avec l’appui de l’ONU, de traiter tous les cas de violence, de harcèlement, d’intimidation et de menaces, en ligne et hors ligne, à l’encontre des femmes artisanes de la paix et des défenseures des droits humains.  Les pays nordiques mettent l’accent sur la tolérance zéro à l’égard de ces harcèlements et sur la nécessité de renforcer les mécanismes de responsabilisation à cet égard, a-t-elle insisté, en réaffirmant l’appel du Secrétaire général à démanteler les structures de pouvoir patriarcales et oppressives qui font obstacle aux progrès en matière d’égalité des sexes ou de participation pleine, égale et significative des femmes à la vie politique et publique.

    M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a qualifié de « faille existentielle » l’absence des femmes des affaires en général, et des processus de paix en particulier, d’où l’importance d’appliquer pleinement le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment par des campagnes de sensibilisation émanant principalement d’une volonté politique.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui a fait preuve de son engagement infaillible pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), a obtenu des résultats remarquables grâce à des efforts et des partenariats multisectoriels, a déclaré le représentant, citant le rôle de la Commission de l’ASEAN pour la protection des femmes en tant que mécanisme concret.  Il a reconnu le lien entre développement économique, paix et sécurité, ajoutant que les États de l’ASEAN ont pris un éventail de décisions et adopté des textes législatifs protégeant les femmes et les filles dans les situations de conflit.

    Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a fait observer que la majorité des résolutions concernant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, déplorent le recours à la violence sexuelle et sexiste comme arme de guerre. Pourtant, le Conseil n’a toujours pas examiné cette violence en ligne, sous l’angle du cadre normatif, alors qu’Internet empêche les femmes et les filles de participer pleinement aux débats, depuis la négociation d’un accord de paix jusqu’à son maintien et à sa consolidation.  La violence sexiste en ligne porte atteinte aux droits fondamentaux, sans lesquels il ne peut y avoir de paix durable.  Le Costa Rica déplore que cette violence en ligne continue d’être perçue comme moins grave que dans le monde « réel ».  Pour combler les lacunes existantes, Mme Chan a appelé les États à collaborer avec les organisations de femmes au niveau local, à reconnaître leur expérience et à lancer un processus de transformation. Il est en outre, de l’obligation des États d’assurer un environnement sûr et propice à la participation des femmes, en toute indépendance et sans ingérence indue, aux processus de paix.

    Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a rapporté que son pays s’engage à créer un environnement sûr permettant à diverses femmes de participer au débat politique, à la fois « en ligne et hors ligne ».  Elle a appelé à inclure « toutes les voix, y compris les voix LGBTI ». Grâce à un fonds dédié, le « Fonds ODD5 », le pays soutient l’inclusion des femmes dans les processus politiques et décisionnels à travers le monde.  L’un de ses partenaires, le Programme de formation au leadership du Burundi, s’attaque aux obstacles auxquels les Burundaises peuvent être confrontées, en ouvrant des espaces au sein des partis politiques, en modifiant les lois, en améliorant l’accès des femmes aux ressources économiques et en élevant leur statut social.  La déléguée a aussi souligné le bien-fondé d’une « politique étrangère féministe ».  Il s’agit, a-t-elle précisé, de s’attaquer aux causes profondes de l’inégalité entre les sexes, dans tous les aspects de la politique étrangère néerlandaise et à tout moment, y compris en temps de crise, ce qui nécessite « une autocritique permanente ».

    Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) a souligné l’importance de promouvoir le leadership des femmes en traduisant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les politiques à tous les niveaux.  Le Gouvernement de son pays, a-t-elle indiqué, est en train de finaliser son plan d’action national afin de renforcer la participation des femmes à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix.  Ensuite, a-t-elle fait valoir, il faut favoriser un environnement dans lequel le personnel féminin en uniforme peut participer aux opérations de maintien de la paix (OMP) de manière durable.  À cet égard, a informé la représentante, la Thaïlande appuie la stratégie de parité entre les sexes dans les OMP. « Notre objectif est d’atteindre 10% de femmes dans le génie militaire d’ici à 2024. »  De plus, il faut intégrer le programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans les plateformes régionales.  C’est dans cet esprit que le registre des femmes pour la paix de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a été développé pour galvaniser l’expertise des femmes.  Enfin, a conclu la représentante, nous devons promouvoir le renforcement des capacités, tirer parti des progrès technologiques et assurer la sensibilisation et le soutien du public.

    Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) s’est félicitée de l’impact « immense » du programme pour les femmes et la paix et la sécurité sur le terrain depuis sa création.  Néanmoins, la participation égale, pleine et significative des femmes reste l’exception plutôt que la règle.  Au niveau local, elle a observé que les femmes sont souvent confrontées à des pratiques discriminatoires qui les excluent de processus tels que les négociations de paix.  Nous devons donc reconnaître et promouvoir le rôle essentiel des femmes dans le désarmement mondial, a-t-elle dit.  Les défenseuses des droits humains dans les situations de conflit et d’après- conflit opèrent dans l’environnement « hypermasculinisé » de la guerre pour lutter contre des siècles de discrimination et de violence contre les femmes et les filles, en s’exposant à des risques élevés de représailles, a poursuivi la déléguée.  De même, les femmes en politique sont confrontées aux abus, au harcèlement ou à la violence en ligne et hors ligne dans toutes les régions du monde, y compris en Europe.  À cet égard, protéger les femmes contre l’intimidation et la violence est un facteur clef de leur autonomisation, a-t-elle conclu.

    Mme SANITA PAVĻUTA-DESLANDES (Lettonie) a mis l’accent sur le lien entre les changements climatiques et les femmes, la paix et la sécurité, et souligné la résilience des femmes dans ce contexte.  Ce n’est qu’en 2015, soit 15 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), que le Conseil de sécurité a reconnu les conséquences et les menaces des changements climatiques sur la paix et la sécurité, a-t-elle souligné.  Et ce n’est que l’an dernier qu’il a intégré cette question dans les mandats des missions de paix de l’ONU.  Le Fonds pour la consolidation de la paix, auquel la Lettonie contribue régulièrement s’est aussi saisi de cette question, s’est-elle félicitée.  Il reste toutefois beaucoup à faire, et le Conseil devrait intégrer davantage les risques posés par les changements climatiques dans l’ensemble de ses activités.

    Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a informé qu’au niveau national, le Plan d’action pour la politique étrangère féministe 2023-2024 est axé sur l’obtention de résultats concrets en matière de discrimination fondée sur le genre et établit des mécanismes de coordination et de responsabilisation.  Au niveau international, l’Espagne accorde la priorité à la prévention des conflits; à l’examen de leurs causes sous-jacentes telles que les inégalités, servi par la présence de femmes dans les postes élevés dans les paysages politique, économique et sécuritaire.  La représentante a souligné que la formation joue un rôle fondamental, et a mis en exergue la formation en matière de discipline militaire sensible au genre, administrée par l’Union européenne, sous la houlette de l’Espagne et des Pays-Bas, qui a renforcé les capacités d’un millier de soldats de plus de 50 nationalités différentes.  La représentante a déclaré que la protection des femmes dans les situations de crise, y compris dans l’écosystème numérique, est le meilleur outil pour favoriser la participation des femmes. Elle a loué la bravoure des défenseures des droits de la personne qui font entendre leur voix en dépit des menaces et des actes d’intimidation.

    M. BERIK ABDUSHEV (Kazakhstan) a souligné l’urgence qu’il y a à renforcer le rôle des femmes dans la promotion et le maintien de la paix dans le monde. Il a appelé à faire du programme pour les femmes et la paix et la sécurité un outil fondamental pour la prévention et le règlement des conflits.  Notre gouvernement, a ajouté le représentant, n’a eu de cesse d’œuvrer pour renforcer le rôle des femmes dans la vie sociale et politique en appliquant les normes les plus élevées en matière de politique fondée sur le genre et l’égalité des sexes.  L’indice de l’égalité de genre s’est amélioré de 60%; un quota de femmes et de jeunes au Parlement a été introduit; et les femmes occupent déjà 30% des postes de direction dans les entreprises d’État, s’est-il félicité.  Le Gouvernement a aussi adopté le premier programme d’action 2022-2025 pour appuyer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).

    Mme JOAN MARGARITA CEDANO (Républicaine dominicaine) a rappelé que les femmes au Rwanda avant 1994, qui représentaient plus de 60% de la population, s’étaient retrouvées devant la tâche titanesque de reconstruire le pays à partir d’un processus de paix.  Leurs efforts inlassables ont non seulement permis de transformer le tissu social de ce pays mais également de jeter les bases d’une paix durable et d’une réconciliation nationale, a-t-elle salué.  Elle a également cité le cas de l’Afghanistan, où la situation est catastrophique et extrêmement préoccupante, mais où les femmes continuent de lutter contre l’oppression et défendent les droits fondamentaux de la personne.

    La représentante a mis l’accent sur les ravages de la violence sexuelle, qui non seulement détruit des vies mais sape également la confiance dans les institutions et nuit à la paix, en demandant d’agir pour faire cesser ces violations et sanctionner leurs auteurs.  D’autre part, l’absence des femmes dans les processus de paix ne fait que prolonger la violence et l’instabilité, comme elle rend difficile l’édification de sociétés stables, a-t-elle observé, invitant à considérer les femmes comme des agents du changement et non comme des victimes passives.  Elle en a appelé à la responsabilité du Conseil de sécurité de promouvoir l’intégration de la perspective de l’égalité des sexes dans toutes ses décisions et politiques.  Elle a misé sur le travail important que fournit le Groupe informel sur les femmes et la paix et la sécurité, avec ses analyses et ses recommandations dont elle a souhaité la divulgation pour sensibiliser les parties et l’opinion publique. Il est en outre impératif de garantir un financement prévisible et durable pour les initiatives de paix dirigées par des femmes.

    Mme ALYA AHMAD AL THANI (Qatar) a déclaré qu’alors que se tient ce débat, plus de 2,3 millions de personnes vivent une catastrophe humanitaire qui affecte les femmes au plus haut point car selon les chiffres de l’ONU, sur les 5 000 civils tués, 1 300 sont des femmes.  Elle a condamné toutes les attaques ciblant des civils, les femmes et les enfants en particulier, et dénoncé le siège de Gaza qui prive les habitants de tous les biens et services indispensables à leur survie, ainsi que la destruction des infrastructures médicales et les entraves à l’acheminement de l’assistance humanitaire.  La représentante a ensuite décrit les mesures prises dans le cadre de l’application de la résolution 1325 (2000) et tendant à promouvoir l’autonomisation des femmes dans les domaines politique, économique et de la sécurité, qui ont permis à la femme qatarie de jouer un rôle de chef de file aux niveaux national et régional, notamment dans la diplomatie et les institutions judiciaires. Elle s’est félicitée, en particulier, de la participation du Qatar à la Commission de consolidation de la paix et à la réunion du 14 septembre dernier axée sur le rôle de l’éducation à cet effet.

    Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie) a exhorté les États à intégrer la résolution 1325 (2000) dans les travaux de l’ONU et à traduire les discours dans des législations prévoyant des quotas et des budgets sexospécifiques. Dans un monde caractérisé par l’augmentation des conflits, il est essentiel que les initiatives liées au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, conduisent à des mécanismes de protection efficaces, surtout pour les femmes dans les situations de conflit.

    Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a jugé essentiel de garantir la protection des femmes en situation de conflit, notamment les défenseuses des droits humains et les journalistes, et d’intégrer des mesures sexospécifiques face à des menaces sécuritaires.  Le Portugal prépare son quatrième Plan d’action sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a intégré les dispositions de la résolution 1325 (2000) dans tous les secteurs et a adopté une Stratégie nationale de l’égalité des sexes, ainsi qu’une Convention sur l’élimination des violences sexuelles et sexistes, qui influe sur sa politique étrangère et sa coopération au développement.  La représentante a souligné que garantir véritablement la participation des femmes à la vie publique et à la prise de décisions est non seulement une obligation morale mais également un moteur essentiel de la paix.

    Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte) a énuméré les nombreux conflits qui ont ensanglanté la population civile dans le monde en 2023, y compris les bombardements israéliens sur la bande de Gaza, qui touchent davantage les femmes et les filles.  L’Égypte appuie sans réserve le programme, notamment les efforts de consolidation de la paix et de réconciliation.  La déléguée a particulièrement insisté sur la nécessité d’équilibrer les quatre piliers du programme dans sa mise en œuvre, tout en tenant compte « des spécificités et des valeurs de chaque pays ».  Dans cet esprit, l’Égypte s’est engagée, « dans le contexte régional africain », à offrir divers programmes, y compris d’éducation, aux pays voisins.

    Mme KRISTEL LÕUK (Estonie) a dit que son gouvernement en est à son troisième plan d’action de mise en œuvre de la résolution sur les femmes, la paix et la sécurité.  Ce plan prévoie notamment des activités pour la représentation des femmes dans la vie politique ainsi que leur participation au service militaire.  La Conférence 2023 sur les femmes, la paix et la sécurité s’est concentrée sur l’Ukraine.  Face aux « horreurs » perpétrées en Ukraine par les Forces armées russes et les mercenaires affiliés à la Russie, la représentante a salué le rôle remarquable des Ukrainiennes qui jouent un rôle central dans les questions humanitaires et politiques.  Demandant le retrait des Forces armées russes, elle a réitéré l’importance de la participation des femmes aux processus de décision qui est le seul moyen de garantir la pérennisation de la paix.  Il faut aussi se concentrer sur les conséquences des conflits, a exhorté la représentante.  Elle a dit suivre de près l’évolution de la situation en Israël et à Gaza et condamné les attaques perpétrées par le Hamas contre Israël.  La résolution de cette crise doit être conforme au droit international et humanitaire, la protection des civils étant prioritaire.

    M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a déclaré que les actions qui entravent l’engagement politique des femmes ou restreignent leurs activités publiques ont un impact négatif sur la prévention des crises et le relèvement postconflit. Il a suggéré de tirer parti de la ressource « inexploitée » que sont les femmes fortes, en tant qu’agents du changement.  Pour ce faire, des mesures politiques et financières sont essentielles pour protéger les droits des femmes et promouvoir leur rôle, notamment dans les missions politiques et de maintien de la paix des Nations Unies.  Le représentant a reconnu en particulier que « les femmes ukrainiennes sont à l’avant-garde des efforts humanitaires » et qu’elles militent sans relâche pour la protection de tous les droits humains et des libertés fondamentales, s’opposant fermement aux efforts de la Fédération de Russie visant à leur porter atteinte.

    M. TOMÁŠ GRÜNWALD (Slovaquie) a souligné les efforts déployés par son pays pour mettre en œuvre le programme sur les femmes et la paix et la sécurité, notamment lorsqu’il s’agit des efforts d’autonomisation.  Il a évoqué le premier plan d’action national en la matière pour la période 2021- 2025. 

    Il a mentionné la récente augmentation de 22% de la part des femmes dans l’armée slovaque, parmi les nouveaux conscrits, estimant que cette tendance se poursuivra et se traduira par une augmentation du nombre de femmes servant activement dans les opérations de maintien de la paix.

    Au sujet de ces opérations et en particulier de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), le représentant s’est dit fier d’annoncer la présence, pour la première fois, d’une femme slovaque au poste de commandant de contingent.  C’est la deuxième femme à occuper un tel poste dans toute l’histoire de la Force, a-t-il noté.  Enfin, le délégué a saisi cette occasion pour annoncer la nomination de la première femme au grade de Général en Slovaquie.

    M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a voulu rendre hommage aux femmes et aux filles qui subissent de plein fouet les conséquences des conflits et en sont les principales victimes, comme à Gaza actuellement.  Si la résolution 1325 (2000) a représenté un jalon, les chiffres montrent que la communauté internationale n’en a pas fait assez.  Or, les femmes ne peuvent pas rester exclues des décisions qui affectent leur vie et leur communauté, a insisté le représentant, pour qui leur voix doit être entendue et respectée pour augmenter les chances de paix.  Il a plaidé pour l’autonomisation des femmes et des filles en situation de conflit.  Pour sa part, la Bolivie a réalisé d’importants progrès pour la participation des femmes, en particulier autochtones, aux processus décisionnels et politiques de l’État, a fait valoir le représentant, ajoutant que la Constitution de 2019 et son cadre normatif, garantissent la parité des genres.

    M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a affirmé que tous les Plans d’action nationaux de mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité mettent l’accent sur la promotion et la protection des droits des femmes, en particulier dans les situations de conflit.  Au niveau international, les Philippines ont déployé des soldates de la paix et observatrices militaires dans les opérations de paix des Nations Unies. Elles reconnaissent aussi l’importance du leadership des femmes dans la création de communautés justes et pacifiques et dans tous les aspects de la prévention des conflits, de la paix et de la reconstruction.  Le représentant a exprimé la disponibilité de son pays à coopérer avec les États Membres, l’ONU et la communauté internationale pour partager les meilleures pratiques et les enseignements tirés des différentes expériences.

    Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a indiqué que l’Argentine a adopté, en 2022, un second plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325, qui vise à renforcer les politiques de genre au regard de la participation des femmes dans les lieux de prise de décision, de la protection de leurs droits humains, en particulier par le biais d’une politique de tolérance zéro de la violence sexuelle dans les conflits et de la lutte contre la traite d’êtres humains. 

    La délégation a déploré les importantes lacunes qui demeurent sur le plan international, relevant qu’un nombre croissant de groupes armés considèrent l’inégalité de genre comme un objectif stratégique et placent la misogynie au cœur de leur idéologie. Elle s’est lamentée que les négociatrices, les militantes, les femmes politiques et celles qui défendent les droits humains soient encore agressées en raison de leur implication dans un processus de paix.  À l’initiative de l’Argentine, le Réseau régional des médiatrices du cône Sud a été lancé en 2021, ce qui constitue un projet pionnier en Amérique latine et dans les Caraïbes, s’est réjouie la déléguée, citant d’autres engagements pris au niveau régional en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  L’Argentine est convaincue que les femmes sont des agents du changement et des piliers communautaires, a dit la déléguée en conclusion.

    M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a voulu que l’on fasse tout pour combler le fossé entre l’engagement verbal et la mise en œuvre tangible des objectifs du programme « pour les femmes et la paix et la sécurité ».  La Tchéquie demeure déterminée à réaliser des progrès sur ces fronts, grâce notamment à son second Plan d’action national visant à renforcer la participation et le leadership des femmes dans la politique de défense, la politique étrangère et la politique de sécurité.  En tant que membre du Conseil des droits de l’homme, de la Commission de la condition de la femme et d’autres plateformes multilatérales, nous continuerons, a promis le représentant, de défendre les droits des femmes et des filles.

    M. VÍCTOR GARCÍA TOMA (Pérou) a demandé à l’ONU de parrainer l’autonomisation politique et sociale des femmes et d’encourager leur participation aux divers organes et processus de prise de décisions, dans tous les domaines de la société politique.  La résolution 1325 (2000) reste la base pour renforcer leur droit d’exercer toutes les libertés et tous leurs droits humains.  Le Gouvernement péruvien, a dit le représentant, appuie l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et l’initiative « Femmes, paix et sécurité ».

    Le Pérou a atteint 18% de participation des femmes dans ses contingents aux opérations de paix, 44% d’expertes dans les missions politiques spéciales et 13% dans les contingents militaires, a-t-il fait valoir, ce dernier chiffre devant passer à 20% d’ici à 2024.  À la date d’octobre 2023, 45 Péruviennes, sur un total de 256 militaires péruviens, sont déployées dans des opérations de maintien de la paix en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, à Abiye et au Liban.  Le Pérou continue de promouvoir la participation des femmes aux processus de décisions politiques et civiques, de combattre toutes les formes de violence fondée sur le genre et de renforcer leur contribution à la promotion de la paix et de la sécurité internationales, a déclaré en conclusion le représentant.

    M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a annoncé que l’Autriche s’était engagée à verser plus de 11 millions d’euros dans le cadre du Pacte sur les femmes, la paix et la sécurité et l’action humanitaire.  L’Autriche demeure aussi déterminée à augmenter le nombre de femmes parmi son personnel militaire, y compris celui envoyé dans des missions de maintien de la paix, a déclaré le représentant.  Il a renouvelé son appel au Conseil pour qu’il inclue systématiquement le programme « pour les femmes et la paix et la sécurité » dans ses mandats, ainsi que dans les missions politiques et de maintien de la paix de l’ONU.  « Nous devons tous travailler ensemble pour amplifier la voix des femmes dirigeantes et assurer leur participation pleine, égale et significative à tous les niveaux des processus de paix et de transition », a-t-il conclu.

    M. ANTONIOS PAPAKOSTAS (Grèce) a relevé que les conflits armés touchent les femmes et les filles de façon disproportionnée, alors que celles-ci sont sous-représentées dans les processus de paix.  Néanmoins, la participation des femmes aux processus de paix rend ceux-ci plus inclusifs et les accords de paix, plus durables.  C’est pourquoi la participation égale et complète des femmes à la prise de décisions, qui constitue un pilier essentiel du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, doit être considérée comme une question transversale, a recommandé le délégué.  Qui plus est, la véritable participation des femmes requiert de garantir la sécurité et les droits humains, ainsi que le droit aux soins de santé sexuelle et génésique. 

    Dans ce contexte, la Grèce s’est engagée à promouvoir l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes et des filles dans toute leur diversité, au niveau national comme international, afin d’assurer la pérennisation de la paix et le développement, a fait savoir le représentant.  Athènes a donc mis en œuvre un cadre institutionnel et juridique complet prévoyant l’intégration des questions sexospécifiques aux questions politiques, a-t-il détaillé.  Enfin, il a assuré que la Grèce avait fait de la question des femmes, de la paix et de la sécurité une priorité en tant que candidat à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité. 

    Mme ZORAYA CANO (Panama) a fait savoir que la promotion de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes sont devenues un pilier de la politique du Panama. Considérant que la violence et la discrimination existent avant même l’escalade d’un conflit, le Panama cherche à renforcer le travail des Panaméennes en tant que bâtisseuses de paix dans le secteur de la sécurité.  Le Panama veille à ce que leurs actions soient efficaces pour maintenir la coexistence pacifique en tant qu’élément clef du développement du pays. En ce sens, les trois forces de sécurité nationales sont en train de créer des programmes spécifiques sur le genre, a signalé la déléguée, ajoutant par ailleurs que six des neuf membres de la Cour suprême sont des femmes.

    Les femmes se trouvant au milieu de situations de conflit dans le monde ne peuvent pas attendre l’appel à l’action du Conseil de sécurité réalisé chaque année, a mis en garde la déléguée, plaidant pour des efforts systématiques quotidiens en ce sens. Il faut mettre un terme aux graves agressions dont souffrent les femmes et les filles, a-t-elle exigé.

    M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a salué l’initiative d’ONU-Femmes visant à développer un outil de suivi des tendances sur la participation des femmes aux processus de paix à l’échelle mondiale et la sensibilité au genre des accords de paix.  Il a aussi estimé qu’il revient au Conseil lui-même de montrer l’exemple, notamment en faisant participer un plus grand nombre de femmes à ses travaux.  Il s’est alors dit encouragé de constater qu’il y a eu certaines améliorations: le nombre de femmes invitées à prendre la parole au Conseil est passé à 46%, contre 19% en moyenne entre 2013 et 2017, a-t-il chiffré.  Le représentant a ensuite salué la contribution des opérations de maintien de la paix à l’avancement de l’égalité entre les sexes et pour l’intégration des perspectives de genre dans tous les domaines d’exécution des mandats.  Nous devons faire davantage pour accroître le nombre de femmes soldats de la paix dans les contingents militaires et les unités de police constituées, a-t-il plaidé.

    Pour M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), la participation pleine et entière des femmes n’est pas qu’une question de justice sociale mais une nécessité stratégique. Dans ce cadre, a-t-il fait valoir, les femmes du Yémen ont plus d’opportunités pour participer à la vie économique, sociale et politique.  Elles assument des fonctions importantes, notamment au sein du Conseil judiciaire et ont également participé aux travaux du Comité de rédaction de la Constitution. Le représentant a relayé la détermination des Palestiniennes qui défendent leurs droits et leur dignité face au joug de la Puissance occupante, se disant convaincu qu’elles ont un rôle à jouer pour garantir la sécurité, la stabilité et la reconstruction de leur pays. Il a condamné toute tentative de conduire au déplacement forcé de la population de Gaza.

    M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a indiqué que, conformément à la récente réforme constitutionnelle, le Code électoral a été modifié pour fixer un quota de 30% minimum pour les femmes parmi les candidats des partis.  En outre, la Mongolie, qui se classe parmi les 30 principaux pays contributeurs de troupes dans les missions de maintien de la paix de l’ONU, s’agissant du nombre de soldates de la paix, est fermement déterminée à répondre à l’appel du Département des opérations de paix visant à un quota de 15% de femmes dans les contingents.  En juin, la Mongolie a organisé une réunion de femmes Ministres des affaires étrangères, au cours de laquelle avec l’Allemagne et la France, elle a adopté la « Déclaration d’Oulan-Bator ». Le Gouvernement a aussi proposé de convoquer le Forum mondial des femmes à Oulan-Bator, en août 2024, auquel tous les États Membres sont invités.

    M. ABBAS KADHOM OBAID AL-FATLAWI (Iraq) a expliqué que son pays a adopté une stratégie nationale pour la promotion de la femme 2023-2030.  Il s’est félicité que l’Iraq ait été le premier pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à s’être doté d’un plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 dont la deuxième phase, endossée en 2020, est axée sur la participation, la protection et la prévention.  Cette phase a pour principaux objectifs l’augmentation du nombre de femmes dans les forces de sécurité, celui des policières ayant désormais atteint 12 000.  Un autre volet du plan vise à améliorer le nombre des femmes auxiliaires humanitaires.

    Le délégué a invité l’UNITAD (Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes) à veiller à la collecte des preuves pour garantir que les auteurs de crimes commis par Daech soient tenus responsables et pour garantir la remise des éléments de preuve aux entités judiciaires nationales compétentes.  Cela permettra aux proches des victimes de panser leurs plaies, a-t-il fait valoir.  Le plan comporte également un volet tendant à l’accroissement du nombre de femmes bénéficiant de services préventifs et de formation en période de crise.  À cet égard, le représentant a indiqué qu’il existe maintenant 73 centres de santé mentale et psychologique en Iraq pour appuyer les femmes ayant vécu des traumatismes.

    Mme LILIANA VERÓNICA BAÑOS MÜLLER (El Salvador) a déclaré que 23 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), il existe des preuves solides que les accords de paix qui intègrent activement les femmes sont plus durables.  Les questions relatives au programme pour les femmes et la paix et la sécurité étant transversales, la représentante a salué les efforts visant à les intégrer aux travaux du Conseil ainsi que des instances dédiées au désarmement et au maintien et à la consolidation de la paix.  Malgré ces avancées, la participation égale des femmes aux processus de paix continue de rencontrer de nombreux obstacles, tels que l’impunité pour les atrocités commises contre les femmes en période de conflit.  Pour sa part, El Salvador dispose d’un comité national interinstitutionnel pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Afin d’accroître la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix, El Salvador a lancé une série d’initiatives telles que le projet « Gardiens de la paix », financé par le Fonds d’affectation spéciale pour la consolidation de la paix.  La représentante a souligné, à cet égard, la nécessité pour les activités de consolidation de la paix de bénéficier d’un financement prévisible et durable.

    Réclamant un nouvel élan dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), M. GIANLUCA GRECO (Italie) a estimé qu’il faut céder aux femmes la responsabilité de la lutte contre la violence sexuelle dans les conflits.  En 2017, a-t-il indiqué, l’Italie a lancé le Réseau des médiatrices de la Méditerranée qui, au fil des ans, a offert des possibilités de formation, de renforcement des capacités et de réseautage à d’autres entités régionales.  Ces activités ont conduit à la création de l’Alliance mondiale des Réseaux régionaux de médiatrices et, hier, la délégation italienne a inauguré le projet « Renforcer la participation et le leadership des femmes pour la paix et la sécurité » visant à faciliter l’échange interrégional d’expertise. Demain, a annoncé le représentant, la délégation organisera une discussion sur la situation des femmes afghanes et leur absence dans l’arène politique.  L’Italie, a-t-il promis, continuera de promouvoir l’intégration de la dimension genre dans l’ensemble des missions politiques et de consolidation de la paix.  Nous allons encourager un dialogue constructif et interrégional et nous veillerons à ce que des ressources adéquates et durables soient allouées aux projets.

    Mme REBECCA SUZANNE BRYANT (Australie) a énuméré les nombreux reculs des droits des femmes contre lesquels l’Australie doit se battre.  Au cœur de son plan national se trouve le renforcement de la participation des femmes aux processus de paix à travers un réseau régional de femmes médiatrices, dans le Pacifique et en Asie.  Ces réseaux visent à mettre un terme à l’exclusion des femmes des processus de négociation liés aux conflits dans ces régions, et permettent de « passer de la théorie à la pratique ».  Il a fallu que l’Australie fasse preuve d’un leadership audacieux pour changer les mentalités et les cultures, a témoigné la déléguée.

    Mme FIONA BRODERICK (Irlande) a fait remarquer qu’à l’approche des 25 ans de la résolution 1325 (2000) et du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, leurs objectifs sont loin d’être réalisés.  La communauté internationale dispose d’un outil, mais il lui manque la volonté politique, a-t-elle analysé.  Elle a estimé que, dans ce cadre, les Nations Unies doivent donner l’exemple et donc accroître la participation des femmes dans les processus. Il faudrait atteindre le quota de 50% de femmes dans les processus de paix, a-t-elle notamment exigé. 

    La représentante a également déclaré qu’au niveau mondial, la cause de l’égalité entre les genres perd du terrain.  C’est pourquoi elle a recommandé de créer ou de renforcer les programmes et initiatives de défense de cette cause au niveau local.  C’est dans cet objectif que l’Irlande a débloqué un financement de 42 millions d’euros, sur cinq ans, pour aider les associations locales qui défendent et promeuvent localement les droits des femmes, a-t-elle indiqué. 

    De l’avis de Mme MARÍA NOEL BERETTA TASSANO (Uruguay), le manque de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1325 oblige les États à réfléchir aux moyens à la disposition de chaque pays, quelle que soit sa taille ou sa position géopolitique, pour jouer un rôle important afin d’inverser cette situation.  La promotion de la paix et de la sécurité avec la participation pleine et entière des femmes relève d’une responsabilité collective qui nécessite une action commune et coordonnée, a estimé la déléguée.  Au niveau national, l’Uruguay met en œuvre depuis 2022 son premier plan d’action national relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, qui passe par exemple par l’adoption de nouvelles pratiques novatrices au sein des forces armées visant à surmonter les obstacles liés aux critères de déploiement, comme les responsabilités familiales qui touchent la capacité de déploiement des femmes. 

    M. GHEORGHE LEUCĂ (République de Moldova) a indiqué que l’intégration des questions de genre dans les domaines de la paix et de la sécurité est au cœur des efforts déployés par son pays pour assurer l’autonomisation des femmes et l’égalité femmes-hommes, éléments indispensables du développement et de la paix durables. Si le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général insiste sur le fait que les questions de genre influent sur les questions de paix et de sécurité internationales, le nouveau programme du désarmement reconnaît aussi que la perspective de genre rend plus efficaces le contrôle des armements et la non-prolifération, a souligné le représentant. Il a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en œuvre le programme « femmes, paix et sécurité ». Nous nous efforçons d’atteindre l’objectif de 20% de femmes dans les opérations de paix de l’ONU et au cours des dernières années, la représentation des femmes s’est renforcée dans les processus de prise de décision à tous les niveaux.  Alors que la moitié des réfugiés ukrainiens qui ont fui la guerre d’agression russe sont des femmes et des enfants, la République de Moldova reste engagée à leur fournir un soutien social et psychosocial, a conclu le représentant. 

    M. OMAR KADIRI (Maroc) a regretté que l’agenda « visionnaire » qu’est le programme pour les femmes et la paix et la sécurité se heurte, dans plusieurs régions du monde, à des barrière culturelles, politiques et sociales, qui entravent la pleine réalisation du potentiel des femmes dans la paix et la sécurité internationale.  Il a recommandé à la communauté internationale de suivre une approche holistique pour passer de la théorie à la pratique.  Il a notamment prôné d’encourager une représentation accrue des femmes dans les postes de prise de décisions en matière de paix et de sécurité, ainsi que de lutter activement contre l’impunité en consacrant la politique de tolérance zéro pour les violences sexuelles.

    Le représentant a ensuite présenté les dispositions du plan d’action national marocain pour la mise en œuvre de ce programme.  Il a précisé qu’il ne s’agit pas d’un simple exercice de formalisme, mais d’une manifestation concrète de l’engagement du Maroc envers l’égalité entre hommes et femmes et pour la reconnaissance du rôle des femmes dans les processus de paix.  Le représentant a ensuite réagi à l’intervention du Ministre des affaires étrangères algérien, constatant qu’il a été le seul pays à parler du « Sahara marocain » parmi près de 100 délégations intervenues aujourd’hui. Cela montre la haine de ce pays contre son voisin, le Maroc, a-t-il observé, assurant que la femme marocaine jouit de tous ses droits.  « Ce qui n’est pas le cas de la femme algérienne qui subit les pires violations de l’ensemble de ses droits » et est réprimée lorsqu’elle veut les défendre, a-t-il affirmé avant de citer d’autres exemples comme les femmes kabyles emprisonnées parce qu’elles réclament l’exercice de leur droit à l’autodétermination. 

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